LES DEBUTS DE LA LICENCE
Samus est le personnage principal de la série à succès Metroid, une des premières licences de jeux-vidéos où l’on incarne une femme.
C’est en 1986 que le premier jeu Metroid voit le jour; on y joue un personnage en armure, muet, solitaire et sans pitié.
Un des principaux objectifs de la série Metroid est de finir le jeu le plus rapidement possible afin d’obtenir des récompenses.
Après plusieurs heures de jeu, la carrure masculine et imposante de cette armure révèle, à la surprise des joueurs.euses de l’époque, une jeune femme au traits fins.
En fonction du temps nécessaire au joueur.euse pour arriver à la fin du jeu, Samus révèlera plus ou moins son corps lors de la cinématique finale.
Sous la barre des une heure, le personnage se dévêtit de son armure et se trouve presque entièrement nu.
La nudité de ce personnage féminin fait donc office de “récompense” aux joueurs.euses, à l’époque majoritairement masculins.
Le choix des développeurs quant à ce choix fait débat; lors d’une foire aux questions, un des développeurs du premier jeu Metroid, Kao Sakamoto, répond aux questions des joueurs ;
(métroid.jp)
Il apparaît donc banal et même anodin que Samus se retrouve dévêtue a la fin du jeu.
Dans Super Metroid sortie en 1994, Samus perd des parties de son armure quand celle-ci prend des dégâts.
La vulnérabilité du personnage est représentée par la nudité et ce choix des développeurs sera qualifié de fétichisation de la violence domestique envers les femmes par certains joueurs.euses.
LES RETOMBEES DE LA CRITIQUE
Le jeu vidéo est connu pour avancer en fonction de la critique, que celle-ci soit bonne ou mauvaise.
Si en 1986, le jeu vidéo s’adresse principalement à un public masculin, au fil des années, le public féminin adepte de jeux-vidéos commence à s’agrandir.
Ainsi, l’aspect sexualisé de Samus dans les premiers jeux est de plus en plus mal vu.
De la critique découle une nouvelle série de jeux Metroid, les « Metroid Prime ».
Dans ces derniers, Samus conserve son armure du début à la fin, ses proportions sont réalistes et seul son visage est révélé.
Dorénavant, la récompense finale est d’ordre matérielle, ce qui ne fut pas au goût de tous les joueurs
“The game’s most serious flaw is that you don’t see Samus without her suit at the end of the game. I’m serious here, that’s the worst thing I could say about this game.”
UN TERRAIN D’ENTENTE ET SES DERIVES
C’est lors du remake du premier Metroid: Zero Mission (2004), que l’on voit pour la première fois la “combinaison zéro” (“Zero Suit”);
une combinaison moulante bleue que Samus porte sous son armure.
Cette tenue, bien que couvrante, reste discutable. Celle-ci laisse apercevoir les formes disproportionnés de Samus; une taille, des bras et des jambes fines et peu musclés pour ceux d’une soldate,
une poitrine et des hanches très développées, un visage aux traits fins et de long cheveux blonds.
En d’autre terme, Samus Aran s’apparente plus à une Barbie qu’à une soldate se battant à l’aide d’armes de guerre.
“They make Samus have a very girlie image, something you would not expect from a bounty hunter who has killed the mightiest of enemies in her past”
De plus, si la combinaison du personnage semblait être un bon compromis entre éloquente et couvrante, cette dernière eu son lot de dérives.
Les jeux-vidéos Smash Bros sont connus pour reprendre les personnages des diverses licences Nintendo pour les faire combattre dans un jeu de combat.
Le jeu Super Smash Bros, sorti en 2014, reprend le personnage de Samus dans son armure, mais également Samus dans sa combinaison Zéro.
Seulement, le jeu s’est permis d’accentuer le côté sexy de la tenue, en rajoutant des “Jet Boots”(paire de talons hauts) et un maquillage exacerbé.
Il est également possible de choisir une apparence alternative où Samus est en sous-vêtements.
Près de 30 ans après la sortie du premier jeu, nous voilà revenu au point de départ; une soldate forte et dominante, mais déshumanisée et dénudée pour devenir un objet de convoitise
Selon le sondage du site “Nintendo Life”,
DICHOTOMIE SAMUS AVEC ET SANS ARMURE
Constatant le contraste entre la personnalité de Samus avec puis sans son armure, il paraît normal de se questionner sur l’importance accordée a son équipement.
En dehors de son armure, Samus Aran n’a ni le physique, ni le comportement d’une soldate discrète et puissante. On comprend là que sa force lui vient intégralement de son armure et qu’elle ne possède finalement aucun mérite puisqu’elle ne fait que conduire celle-ci. Une fois dévêtue de son équipement, le personnage devient même vulnérable, venant encore plus appuyer cette contradiction
La différence dans la personnalité et le comportement de Samus avec et sans son équipement nous permet de nous rendre compte du mépris accordé au personnage en tant que tel; Samus, sans son armure, ne possède rien et est uniquement là pour assouvir le désir pervers de certains joueurs
On parle ici de paradoxe, même si les développeurs, eux, parle de “juxtaposition”. Cela laisse à penser que, l’image de la femme est indissociable de la faiblesse, la fragilité ou encore de la convoitise.
CONCLUSION
Metroid est un jeu à succès, et ce depuis le premier opus de la licence.
Cependant le jeu n’invente rien; il reprend des codes de jeux-vidéos déjà existants et les remanie simplement.
Sa popularité lui vient en effet de son mystérieux protagoniste, et de la révélation finale quant à l’identité réelle de Samus.
Mais la sexualisation de cette soldate est-elle alors nécessaire, et surtout contribue t-elle au succès de la licence?
D’après les développeurs, l’attention d’un joueur s’obtient et se garde en rendant un personnage “désirable”, d’où les récompenses sous forme de nudité.
Tout comme plusieurs autres personnages principaux féminins (Lara Croft, Bayonneta), Samus n’échappe donc pas à cette sexualisation.
Néanmoins, le dernier jeu Métroid (sorti en 2020) rencontre en franc succès et est salué par la critique.
Pourtant, on ne trouve pas Samus en sous-vêtements, ni même en combinaison Zéro.
La sexualisation d’un personnage féminin n’est donc pas fondamentalement nécessaire et ne contribue pas de façon productive et morale au succès d’un jeu.